La nicotine

Contrairement à beaucoup d'idées reçues, la nicotine n'est pas seule en cause dans l'addiction à la cigarette. Nous parlons bien d'addiction lorsqu'il s'agit de la consommation de tabac fumé, mais la nicotine, prise isolément, ne génère pas d'addiction au sens strict du terme. Combien de personnes sont "addicts" au patchs ou aux gommes à mâcher ? En vérité, c'est bien plus compliqué que cela.

Addiction ou dépendance ?

La nicotine est ce qu'on appelle un "renforçateur primaire" de l'addiction au tabac. Elle n'est pas LA seule source de cette addiction. Elle est source d'une certaine dépendance, mais pas d'une réelle addiction. Addiction et dépendance ne signifient pas la même chose. L'addiction est une dépendance qui a, nous dirons ... dégénéré. L'addiction est une dépendance dangereuse pour soi-même et pour son entourage. La dépendance toute seule n'est pas dangereuse pour soi et l'entourage. On peut être dépendant à la caféine, au chocolat ou même au sport. Personne ne crie au loup lorsque l'on boit son "petit noir" tous les matins.

La nicotine et la santé

La nicotine, qu'on se le dise une bonne fois pour toute, n'est pas cancérigène1. De même, on lui attribue des conséquences cardiovasculaires trop souvent exagérées2. Elle n'est pas plus dangereuse pour la santé que la caféine. On prend souvent la caféine comme comparatif car les deux molécules ont certaines similitudes : elles sont psychoactives. La nicotine interagit avec des récepteurs cérébraux appelés récepteurs cholinergiques. Cette interaction provoque une activation du circuit de la récompense : elle induit du plaisir. Et c'est là le secret. Ce processus est naturel. Les récepteurs cholinergiques sont activés par un neurotransmetteur appelé acétylcholine et il se trouve que la nicotine imite l'acétylcholine et permet d'activer les mêmes récepteurs cérébraux. Les mêmes causes donnent les mêmes effets.

L'importance de la cinétique

Ce qui pose le plus gros problème avec le tabac fumé, c'est la cinétique de la nicotine et la quantité absorbée. En effet, lorsque le fumeur inhale le tabac en combustion, il subit un véritable shoot de nicotine. Le pic de nicotine dans le cerveau est atteint en environ 5mn ; mais 80% de ce shoot arrive et moins de 10s. De plus, la quantité de nicotine apportée régulièrement fait que les récepteurs nicotiniques vont se multiplier et, en plus, "vivre" plus longtemps que la normale. Par comparaison, le pic de nicotine, avec la vape, est atteint en environ 35/40mn. L'impact sur les récepteurs nicotiniques (ou cholinergiques, c'est pareil) n'est pas le même et la "dépendance" nicotinique ne peut que s'atténuer avec le vapotage.

Et le reste ?

On l'a dit, la nicotine ne peut pas être tenue seule responsable de la dépendance/addiction au tabagisme. L'aspect comportemental et rituel revêt également une importance cruciale dans l'addiction au tabac fumé. C'est ce que l'on appelle des "renforçateurs secondaires". Le plaisir de la nicotine est associé à des moments, des rituels, des gestes et des sensations (comme le hit). Voire même des odeurs ou des choses que l'on voit. En bref, c'est bien plus compliqué qu'il n'y paraît. L'addiction au tabac fumé est un cocktail complexe que l'on ne peut résumer au seul apport de nicotine. Et c'est là que la vape entre en jeux. Avec la vape, on retrouve bon nombre de ces aspects comme le geste ou la sensation en gorge (le "hit") et l'on peut assez fidèlement les reproduire ; le tout en s'éloignant d'au moins 95% du problème : la combustion.

1 Document Agir pour la santé de l'Institut National Du Cancer (page 19) : "Quant à la nicotine, substance naturellement présente dans le tabac, elle est responsable de la dépendance à la cigarette, mais n’est pas cancérogène."

Le rôle de la nicotine : créer la dépendance (Fédération Française de Cardiologie)

Procédure de désaccoutumance

Arrêter la cigarette est l'objectif principal. Cela ne doit pas se faire brutalement mais progressivement. Voici nos conseils pour que votre sevrage se passe au mieux et sans souffrances.

La première étape consiste en un sevrage psychologique

Le fumeur se déshabitue progressivement des liens plaisir-rituels-geste avec la cigarette dans un premier temps. Ces liens vont se diriger vers la vape en lieu et place de la "tige qui brûle". Ce processus peut durer de 1 à 6 mois. Pour ce faire, nous conseillons de commencer par un taux de nicotine correspondant au nombre de cigarettes que vous fumez quotidiennement, mais également à votre dispositif de e-cigarette. 

Ainsi, si vous êtes un fumeur d'un paquet de cigarette par jour, que vous avez une batterie à variation de puissance, vous pouvez commencer par un taux de 12mg/ml avec une puissance de 10W à 18W selon votre sensibilité.

Pour les très gros fumeurs, jusqu'à 2 paquets par jour, nous conseillons l'utilisation de e-liquides avec sels de nicotine à 20mg qui présentent l'avantage de diminuer "l'agressivité" du passage en gorge (throat hit).

Pour ceux qui fument plus d'un paquet par jour, nous recommandons une consultation par un tabacologue.

La deuxième étape : le sevrage nicotinique

La deuxième étape arrive au moment où vous avez complètement arrêté la cigarette, vous pouvez alors, quand vous le sentez, progressivement abaisser votre dosage de nicotine en utilisant par exemple un  taux à 6 mg/ml pour réaliser un palier intermédiaire quitte à augmenter la puissance de votre vape pour compenser le manque de nicotine.

Cette démarche progressive a le défaut d'être plus longue qu'un arrêt brutal de la cigarette mais elle présente l'avantage d'être pérenne.  "Chi va piano va sano e va lontano" ;). Cela dit, si l'envie de fumer disparaît le jour même où vous avez basculé vers la vape, on peut dire que c'est gagné. En revanche, soyez patients et ne baissez pas trop vite votre taux de nicotine. Cela prend du temps et votre cerveau et votre gorge vous diront s'il se sentent prêts. N'hésitez surtout pas à remonter le taux si vous avez des envies de fumer répétées. Encore une fois, la nicotine n'est pas le problème.

Quoi qu'il en soit, vous ne devez pas souffrir ni vous forcer à tenir. Vous courez à l'échec dans ce cas. Avec le temps, les récepteurs nicotiniques du cerveau vont se "calmer" et revenir à un fonctionnement normal. Vous serez de moins en moins en demande.

Bon sevrage !